Voilà quatre petits mots qu’on a tous prononcés des milliers de fois : « tout à l’heure ». Qu’il s’agisse d’évoquer l’avenir proche ou, précédée d’un « à », de se saluer, cette locution fait partie de la vie quotidienne. Comment expliquer, alors, que nous soyons si nombreux à nous interroger sur son orthographe ? C’est la faute à la phonétique.
Des consonnes qui vont et viennent : La source de notre problème serait que la langue française supporte mal les hiatus, c’est-à-dire les enchaînements de voyelles. Cette hypothèse a longtemps dominé pour expliquer notre besoin de liaisons, mais la voilà désormais contestée par certains linguistes. On note d’ailleurs qu’en vieux français, les consonnes finales se prononçaient systématiquement, auquel cas « tout » se serait jadis prononcé « toute » en toutes circonstances. Mais aujourd’hui, cette prononciation ne vaut que si le mot est suivi d’une voyelle : « tout à l’heure », « tout est dit », « tout autant », « tout y passe », etc.
Toutes les raisons de douter : Si l’on est tenté d’écrire « toute à l’heure », c’est donc parce qu’on le prononce ainsi. Et comme si ça ne suffisait pas, il existe d’autres facteurs de confusion. D’abord, la locution « à toute heure », qui, elle, prend bel et bien un « e ». Mais surtout, l’expression familière « à toute » ! Il s’agit bien d’une abréviation d’« à tout à l’heure », mais l’écrire « à tout » reviendrait à écrire « à tou ». Du coup, on est bien obligé d’écrire « à toute ». En dehors de cette exception, on écrit « à tout à l’heure ». Toujours et tout le temps.
Comment ne plus se tromper : Pour vous en souvenir une fois pour toutes, dites-vous que vous n’écririez jamais « à toute de suite ». Or, qu’on se retrouve tout de suite ou tout à l’heure, c’est du même « tout » qu’il s’agit.