Un jeune paon, imbu de son plumage. Fût pris dès son plus jeune âge. En mains par une vieille pintade. Qui laissa son vieux coq en rade.Lors, notre jeune volatile. Qui se trouvait fort volubile. Ne fût plus satisfait de son habitat. Et se rêva en costume d’apparat.
Pourquoi, se disait-il, se contenter. D’un simple poulailler, fût-il doré, Alors que, sans travailler, Je puis demeurer au palais.
Il me suffit, si mes calculs sont bons, De prendre mes congénères pour des pigeons. Et, pour les prochaines élections, De bien jouer les trublions.
Ainsi fût fait, et contre toute attente, Il prît la place laissée vacante. Par tous les vieux coqs déplumés. Dont tout le monde s’était lassé. Pour constituer sa basse-cour.
Il fit appel à des vautours. Aptes à tondre la laine, A amasser toutes les graines.
Ses anciens congénères, Qu’il jugeait fort vulgaires, Virent enfin, mais un peu tard, Qu’on les prenait pour des bâtards.
Fort de son plébiscite aux élections, Notre dieu-paon, tel Pygmalion, Favorisa un jeune sardouk, Dont il se servait comme bouc.
Grisé par ses nouvelles prérogatives, Celui-ci, de manière fort hâtive, Se crût par son maître autorisé, De jeunes oisons brutaliser.
Las, malgré la volonté manifeste, De celer ces faits funestes, L’histoire vînt à transpirer, Hors de murs du Palais.
Devant ce gros scandale, Notre apprenti Sardanapale, Dût rétropédaler, A son grand regret.
Il envoya ses janissaires, Désigner un bouc émissaire, Mais la sauce ne prît pas, Et l’oisillon resta sans voix.
Moralité : Même les rois de l’enfumage, Ceux mêmes qui se voulaient rois mages, Tombent un jour de leur piédestal. Et devront quitter leur habit royal.