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Des chercheurs ont repris toute la littérature scientifique sur les liens entre éducation et santé, et leurs conclusions sont sans appel.

Les produits scolaires sont nos amis pour la vie, et ce n'est pas une vieille pub qui le dit mais la science. Selon une méta-analyse basée sur 603 études et publiée cette semaine dans la revue The Lancet, chaque année d'études réduit le risque de mortalité de près de 2%, indépendamment du sexe et du milieu social.

De quoi en faire un enjeu sanitaire de premier ordre. Pour les chercheurs, c'est la première fois que ce lien est aussi bien identifié, avec des preuves qu'ils jugent "irréfutables". Pour autant, cela ne les étonne pas forcément au vu de ce que les scientifiques ont déjà pu constater sur ce phénomène.

Aller à l'école, aussi bénéfique que de ne pas fumer

Si on regarde aux détails de cette méta-analyse, on note que le risque de décès des personnes ayant été à l'école pendant six ans (ce qui correspond à l'école primaire) diminue déjà de 13%, par rapport à d'autres n'ayant jamais été à l'école. Celles ayant fait 12 ans (c'est-à-dire toutes leurs études secondaires) montent à 25%. Après 18 ans d'enseignement au total, cela atteint 34%. Autre constat intéressant: plus les individus sont jeunes, plus l'importance de l'éducation se fait ressentir. Au-delà de 70 ans, cet impact positif est ainsi presque deux fois moindre qu'avant 50 ans.

Ces résultats sont d'autant plus frappants en faisant quelques comparaisons. "Le risque de mortalité toutes causes confondues pour un adulte sans éducation par rapport à 18 ans d'études est similaire à celui d'incidence ou de mortalité par cancer du poumon pour une personne qui fume 10 cigarettes par jour pendant 10 ans, par rapport à une personne qui n'a jamais fumé", écrivent les auteurs. Idem pour une personne un gros buveur d'alcool face à un buveur occasionnel. "Ces résultats sont similaires aux effets bénéfiques d'une bonne alimentation et de l'activité physique", ajoutent-ils dans un communiqué de presse.

Un mode de vie qui change radicalement

Pour expliquer ces résultats, les chercheurs évoquent plusieurs liens de cause à effet. En premier lieu, ils écrivent que plus le niveau d'éducation est faible, plus les comportements nuisibles à la santé sont importants. Autrement dit, une personne n'ayant pas ou peu été à l'école aura plus de risque de se tourner vers le tabac, l'alcool, etc., notamment parce que les connaissances sur leur dangerosité sont moins élevées. En découlent plus de maladies cardiovasculaires, de cancers, ou d'autres pathologies.

Ensuite, il y a l'impact de l'obtention du diplôme, qui permet d'obtenir des emplois plus recherchés et donc globalement mieux rémunérés. Par ricochet, cela permet d'avoir accès à des soins de santé de meilleure qualité. Leur niveau d'éducation les amène en outre à mobiliser davantage les ressources sociales et psychologiques qui peuvent les aider à améliorer leur niveau de vie.

Quant à la différence entre les groupes d'âge, les chercheurs relient cela au fait que les jeunes ont moins de risque de décéder s'ils adoptent moins de comportements risqués. "À mesure qu’un individu atteint un âge avancé, la prédisposition génétique, les habitudes quotidiennes, le régime alimentaire ou d’autres prédicteurs socio-économiques de la mortalité semblent avoir une plus grande influence sur le risque de mortalité que son niveau de scolarité", notent-ils. "Cependant, malgré ces influences, les inégalités de mortalité en matière d’éducation persistent tout au long de la vie, et la tendance reste la même".

Une leçon de santé publique :

Au vu de ces conclusions, les chercheurs concluent que "cela suggère que les avantages d’un investissement accru dans l’éducation pour la santé future de la population sont comparables aux menaces de santé publique plus communément évoquées, soulignant l’importance cruciale d’un niveau d’éducation accru et équitable en tant qu’objectif de santé mondiale". D'où leur message selon lequel il faut encourager la réalisation d'études plus ou moins longues.

Dans les pays développés, cela est souvent déjà une réalité. En Europe, la Belgique figure parmi les pays avec la plus longue durée d'enseignement obligatoire, selon l'Agence exécutive européenne pour l'éducation et la culture. La France figure en tête de ce classement depuis que l'âge du début de la scolarité a été abaissé à 3 ans. L'enjeu, selon les chercheurs, est surtout maintenant que les pays plus pauvres suivent, les parcours scolaires y étant généralement beaucoup plus courts.

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