Quand on retire un écran à un enfant atteint de TDAH, il ne s’agit ni de provocation ni de refus d’obéir. Ce que l’on observe est avant tout une réaction neurologique. Son cerveau fonctionne autrement, et la transition peut être vécue comme une véritable épreuve. Voici ce qui se joue, concrètement.
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Une chute brutale de dopamine
Les écrans stimulent fortement la dopamine, l’hormone liée au plaisir et à l’attention.
Or, chez l’enfant TDAH, cette dopamine est naturellement moins disponible.
Lorsque l’écran disparaît :
- le niveau de stimulation chute soudainement,
- un sentiment de vide ou de frustration apparaît,
- l’agitation augmente,
- le cerveau peine à se réorganiser.
C’est une chute émotionnelle rapide, difficile à gérer pour lui.
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Une transition particulièrement difficile
Le TDAH complique le passage d’une activité à une autre. Changer d’environnement ou interrompre une tâche demande un effort considérable.
Quand l’adulte annonce : « On arrête la tablette » :
- le cerveau se bloque,
- le stress monte,
- une panique intérieure peut apparaître.
Ce n’est pas de l’opposition volontaire, mais une incapacité momentanée à s’adapter.
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Un système émotionnel en surcharge
Privé de l’écran, l’enfant peut voir ses émotions s’intensifier :
- colère soudaine,
- pleurs,
- cris,
- agitation,
- perte de contrôle.
Son cerveau est saturé d’informations et ne parvient plus à réguler ce qu’il ressent.
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Un besoin urgent de stimulation corporelle
Le corps de l’enfant TDAH cherche en permanence à s’autoréguler par le mouvement.
Quand la stimulation de l’écran s’arrête :
- il bouge sans cesse,
- saute, court, parle fort,
- cherche du contact ou de l’action.
Ce comportement n’est pas intentionnel : son système nerveux cherche simplement à retrouver un équilibre.
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Une souffrance intérieure souvent invisible
Après la crise, beaucoup d’enfants ressentent : de la honte, de la culpabilité, un sentiment d’échec.
Ils peuvent penser : « Je suis méchant », « Je voulais bien faire », « Pourquoi je n’y arrive pas ? »
Cette souffrance est réelle, même si elle reste silencieuse.
Comment accompagner autrement
Quelques ajustements peuvent grandement aider :
- annoncer la fin de l’écran à l’avance (« encore 5 minutes »),
- utiliser un minuteur visuel,
- proposer une transition douce (boire de l’eau, respirer, dessiner, câlin),
- offrir des activités stimulantes mais régulatrices (Lego, ballon, danse, coloriage),
- rester calme pendant la tempête,
- valoriser chaque réussite, même petite.
Un message essentiel à retenir
L’enfant TDAH ne fait pas une crise contre l’adulte. Il lutte contre son propre fonctionnement neurologique. Comprendre cela change profondément le regard… et transforme la manière d’accompagner.