Le paysagiste, auteur de l'ouvrage Petit traité du jardin punk (Ed. Terre Vivante, 2018), veut faire bouger les mentalités. D'après le discours de ses collègues (car Eric Lenoir ne collabore presque plus avec des particuliers), le principal argument en faveur d'une pelouse bien tondue est plutôt d'ordre esthétique. "Les clients veulent que leur jardin fasse propre. Pour eux, c'est donc synonyme d'une belle pelouse bien taillée. Mais ça défie l'intelligence !"
Tondre sa pelouse : une perte de temps, d'argent : Que vous tondiez votre pelouse seul-e ou que vous fassiez appel à un-e professionnel-le, d'une façon ou d'une autre, vous perdez du temps et de l'argent avance Eric Lenoir. Si vous faites le bilan, les deux heures allouées chaque semaine vous empêchent d'avoir une autre activité. Vous devez également arroser plus votre jardin, car il est moins protégé.
Laisser son jardin sans tonte pour favoriser la biodiversité : La tonte compulsive des pelouses et le nettoyage maniaque des jardins sont dramatiques pour les insectes et les animaux qui vivent dans nos propriétés. Il faut arrêter de "bousiller des mètres carrés de ressources alimentaires, hydrologiques, et de niches écologiques pour la faune et la flore en plein écocide et en pleine crise climatique", met en garde le paysagiste punk.
Laissez l'herbe pousser pour que vivent les papillons et les coccinelles, laissez des tas de feuilles pour héberger les hérissons, et des buissons hirsutes que s'y cachent les lapins. Pensez à l'éco-pâturage, et adoptez des moutons pour manger votre pelouse !
"On peut vraiment se passer de tondre 1/3 voire 2/3 de son terrain", préconise Eric Lenoir. Donner un coup de bêche dans la pelouse (sans pour autant retourner tout votre jardin, au contraire), sera également utile pour faire ressortir les graines en dormance. En effet, celles-ci attendent de refaire surface pour se développer, et seront très utiles à la faune locale.